Ordrell
Survivaliste
Posté le 02 July 2019 à 11:33 #11
Dans le ventre du Lion - Part IV
J’ai eu plusieurs fois à faire avec ces types qu’on appelle des Chevaucheurs de métal. Ils ne sont pas toujours évidents à éviter. Alors ça m’est arrivé de remporter un combat, et d’autres fois de le perdre.
Difficile à l’avance de prédire si on va s’en sortir ou non. Ça dépend de la manière dont on s’est préparé, de la force dont ils disposent, et de beaucoup de chance.
Tout le monde s’était figé et regardait vers leur vigie qui pilotait les engins de surveillance.
- Décris-nous clairement ce que tu vois, lui demanda Cobalt.
- Trois engins. Au niveau de la placette au sud-est, tu sais là où ya le grand mur de briques rouges. Un Trotteur et ses deux ailiers Harceleurs. Une bannière.
- Laquelle ? demanda Cobalt toujours.
- La Roue Noire. Et jcompte… au moins 5 personnes. Ils sont à l’arrêt, leur Trotteur a l’air en panne…
- Bien, ça c’est plutôt une bonne nouvelle, commença Cobalt mais elle fut vite interrompu à nouveau par Pika.
- Et merde… ils ont un Tisseur de toile.
Rell les regarda en grommelant.
- Putain j’ai rien compris à votre charabia…
Cobalt ne répondit pas, elle réfléchissait. Ce fut Jean-Noël qui vint à son secours.
- Les Trotteurs ce sont leurs engins de combat de taille moyenne. Correctement armé, ils ont un équipage de plusieurs personnes en général. Me demandes pas à quoi ça ressemble, il y a absolument de tout comme machin hybride dégueulasse. Les Harceleurs se sont les engins légers monoplaces qui les escortent, ils sont plus rapide et encadrent les proies qu’ils chassent.
- Parce qu’il y a plus gros ?
- Ya plus gros…
- Merde ! lança Pika à la volée. Ils m’ont repéré ils me tirent dessus.
- Évacue le Seeker ! Lui ordonna Cobalt. On n’a pas besoin d’en perdre encore.
- Vous en avez déjà perdu ? Demanda à nouveau Rell.
- Deux oui, et on ne sait pas les réparer.
- Et c’est quoi Tisseur truc ?
Ce fut Pika qui reprit la suite, bien que toujours concentré sur son pilotage pour se sortir de là.
- Un appareil de communication.
- Sérieusement ?
- C’est très rudimentaire. Ça émet un signal, ou ça en capte un et indique une direction. Les chevaucheurs voyagent en petits groupes et couvrent de grandes distances. Quelques uns ont des Tisseurs de toile avec eux. Quand un de ses groupes trouvent une proie trop importante pour eux, ou avec un gros butin, ils appellent des renforts. Tous les chevaucheurs de la région convergent pour la curée. Ils sont reliés comme ça, formant ainsi une immense toile de chasse… Tous les autres individus la traversant n’y sont que des proies.
Rell regarda le jeune homme dans son nid, se mettant à réfléchir comment il pouvait être aussi bien informé des détails de fonctionnement d’un ennemi public reconnu. Mais il saisi aussi que ce qu’on lui avait annoncé comme de simples pillards du désert étaient plus organisés que prévu.
Râlant dans son siège Pika reprit la parole.
- Hmm ! Ya un Harceleur qui s’est détaché et me suit !
- Fais le tourner en bourrique. Voir amène-le vers la zone rouge.
Le jeune opina aux consignes de Cobalt. Il savait très bien comment se déplacer au dessus des ruines et ennuyer son adversaire cloué au sol et gêné par les encombrements de débris.
- Ouai comptes sur moi.
Rell soupira.
- Une zone rouge maintenant. Jamais entendu parler de ça.
Cette fois Cobalt lui répondit de manière un peu plus agressive, sous le stress.
- Il y a bien des choses que tu ne sais pas Ord-Rell, c’est pas le moment de poser des questions.
Il grimaça et braqua ses yeux sur elle pour lui répondre de façon acide.
- Je vois ça. Mais c’est rarement le moment de te poser des questions visiblement.
Il en avait assez de ces secrets. Malgré plusieurs jours avec eux, il semblait qu’il n’avait accès à rien. C’était un manque de confiance, ils se méfiaient encore de lui ? Ou Bien ce qu’il y avait à cacher était si grave que peu d’entre eux le savaient ? Il regarda le visage des autres, certains dont Ophélie le regardait avec compréhension. En effet il n’était pas le seul à ne rien savoir…
Deren revint auprès d’eux avec des armes, Rell ne l’avait pas vu s’absenter. Il y avait des armes de corps à corps, mais aussi des arcs, et des bombes artisanales. Cobalt semblait avoir fini de réfléchir et les regarda tous.
- On va profiter que Pika maintient à distance l’un d’eux. Les sorties des sous-sols les plus proches de leur position sont les 4 et 7, on va faire deux groupes et les attaquer par surprise en tenaille. On frappe avant qu’ils ne puissent répliquer de préférence. Pika t’as vu quoi comme arme ?
- Tourelle triple harpon câblé moyenne portée, et fauche-lance de 1 mètre sur le Trotteur. J’ai pas bien vu pour les autres, probablement des fauche-pieux entre 20 et 50 comme souvent.
Rell devina qu’au nom, ces armes semblaient similaires en concept à son fusil lance-lime, mais en calibre plus imposant. Cobalt opina doucement.
- On se charge en priorité de l’équipage du Trotteur.
Ils s’équipèrent d’armes et Rell prit les siennes cette fois ci. S’il avait bien compris, ils n’avaient pas vraiment droit à l’erreur, car si les Chevaucheurs les détectaient en les considérant comme proie juteuse, et envoyaient un signal aux autres, toute une flopée de pillards arriverait et ils ne seraient jamais de taille.
Une seule personne resta avec Pika au camp, tous les autres entrèrent dans les souterrains, avançant dans les boyaux sombres, éclairés par leurs lampes de poche.
Le groupe de la précédente expédition se reforma pour aller à droite dans un boyau, le reste formant le second groupe qui parti à gauche, chacun devant émerger de part et d’autres des adversaires. Rell suivit mais il en voulait toujours à Cobalt. Quelques centaines de mètres plus loin, elle s’arrêta et montra une échelle de la main, en silence. Le coup de feu allait être lancé dans quelques minutes.
* *
Un pan de mur éclata, projetant des débris un peu partout. Rell rampa pour se sortir de la zone, allant se positionner un peu plus loin. A quelques pas de là, Ophélie était cachée, elle se montrait de temps en temps pour tirer à l’arc. De l’autre coté il voyait Cobalt, légèrement en hauteur à un étage. Il ne voyait pas les autres, ils étaient tous dispersé. Et ça ne se passait pas comme prévu.
Dès les premiers tirs, les chevaucheurs avaient fait preuve d’une redoutable réactivité. L’élément de surprise avait foiré car ils en avaient blessé qu’un seul gravement. Ils avaient tous grimpé dans leurs engins et s’étaient mis aux armes. Le Trotteur et ses armes lourdes était vraiment handicapant pour le petit groupe d’assaillants. Comme prédit ce truc était affreux. Un avant de camion greffé à un arrière d’hélicoptère. Sauf qu’au bout de la queue, au lieu d’empennage et d’hélice il y a une plateforme avec la tourelle à harpons.
Mais ils avaient au moins l’avantage d’être dispersé et plus nombreux, donc plus dur à cibler.
Rell fit une roulade dans la poussière et épaula son fusil, il visa au mieux et tira une lime qui fendit l’air, allant se loger dans la carcasse du Harceleur. Trop bas. Il se remit à couvert immédiatement.
Les bruits des tirs, bien que différent des armes à feu, les ruines et le sable lui firent remonter des souvenirs…
Quelque part au proche-orient.
Il court dans le sable accompagné de ses congénères, passant d’un bâtiment à l’autre. Son treillis est couleur sable pour la mission. Y est accroché un emblème fait de deux hippocampes en opposition, encadrant un blason bleu au sabre d’abordage et au mousquet croisés. Un de ses collègues force une porte avec le pied, derrière des civils sont entassés dans un coin, on leur fait signe d’évacuer.
Ils poursuivent leur avancée dans le village quand des tirs éclatent. Rell épaule son fusil mitrailleur et tire, se joignant au staccato du combat qui empli l’air.
Un énorme bruit lui fit revenir à lui. Un pieu de près d’un mètre vint s’écraser dans un mur non loin, le fracturant. Petit à petit, leurs abris s’amenuisaient.
Ils venaient de tirer, il fallait du temps pour recharger. Rell pivota pour les avoir à nouveau en vue, ajusta son tir d’après le précédent et appuya sur la gâchette. Deux limes filèrent et fauchèrent un adversaire. La tourelle s’orienta vers lui, il plongea sur le coté. Dans un fracas, un harpon défonça le mur et se ficha plus loin. Un filin métallique pendait derrière qui se tendit peu de temps après et suffisamment vite pour trancher un membre qui se serai trouvé là par hasard. Puis le câble tira le harpon en arrière, le délogeant et le faisant tressauter dans tous les sens, le ramenant vers sa rampe de tir. Un autre harpon avait visé Ophélie à coté et manqué de peu.
Il se tourna et regarda vers le haut Cobalt qui tirait avec son propre fusil.
- Cobalt ! Faut se débarrasser de cette tourelle ! Et vite !
- Ça va arriver !
Et en effet, peu de temps après une explosion retenti. Jetant un coup d’œil, Rell vit que la plateforme au bout de la queue d’hélicoptère se réduisait à un amas de métal. L’autre groupe à l’opposé avait profité qu’elle ciblait cette direction pour lui envoyer une grenade artisanale.
Mais son autre arme restait opérationnelle.
L’autre engin était toujours là et essayait de tourner sur lui-même pour tirer un peu partout. Il tenait du mixte entre quad et buggy, avec deux longues antennes de trois mètres à l’arrière, ainsi qu’une bannière rouge barrée de blanc en diagonal vers la droite, avec une roue cranté de long piques noire au milieu.
Ils essayaient tous de lui tirer dessus avec les flèches mais elles rebondissaient pour la plupart sur les armatures métalliques qui encadraient le pilote.
C’est ce moment que choisi un autre engin pour rentrer en scène. Un autre harceleur léger bondit en pétaradant sur la place. Etait-ce celui qui avait été écarté momentanément par le Seeker ou bien encore un autre ? Il ressemblait à une grosse moto avec d’énorme roue. Son bloc moteur large était relié à deux longs tubes d’échappement de part et d’autres, autrefois chromé, maintenant piqueté de rouille, et qui crachaient une épaisse fumée grise. Il se mit à tourner rapidement sur la place, à l’avant une gueule rotative crachait de la mitraille de partout. Les petits éclats crépitèrent sur tous les murs, rebondissant, cherchant leur cible au petit bonheur la chance. Rell se mit à plat ventre et se couvrit la tête. Il se senti éraflé en plusieurs endroit sans gravité. Mais il était cloué au sol. L’engin pétaradait toujours. Quand le crépitement des mitrailles s’arrêta, la place était envahie de cette fumée grise et âcre. Elle les fit tousser et bloquait la vue. Il ne voyait pas bien comment ils pourraient y arriver dans ces conditions, et sans vraies armes et équipement de combat digne de ce nom. Il ne savait même pas comment se portaient les autres, il n’avait de vue que sur les deux qui lui étaient le plus proche présentement. Et même là avec la fumée il devenait difficile de les voir.
Mais l’espoir vint du ciel, quand il entendit les vrombissements caractéristiques suivit des sons de cornes électroniques, signal de se mettre à l’abri. Deux Seekers arrivèrent en passant au dessus d’une façade d’immeuble de quatre étages. Ils fonçaient le plus rapidement possible que leur permettait leurs petites hélices, c'est-à-dire pas vraiment rapidement. Arrivé au dessus de la place enfumée des pieux fonçaient au hasard vers le ciel, les tireurs au sol étant tout autant ennuyé pour viser. En même temps que l’un des Seekers voyait son ballon embroché et allait chuter, les deux engins larguèrent un objet chacun. Un ultime recours visiblement, car deux explosions suivirent, l’une sembla atteindre sa cible, l’autre du Seeker abattu ne tomba pas exactement où il faut, un flanc de la place s’embrasa et le grand mur et briques rouges s’effondra vers le centre.
Quand le calme revint, ils purent s’approcher et constater les dégâts. Le Trotteur avait été touché de plein fouet, et le harceleur contenant le Tisseur était enseveli en partie sous des décombres. Les derniers pillards vivant furent éliminé. La grosse moto était à l’arrêt, son pilote mort. Rell se précipita et attrapa le premier corps venu, l’immobilisant avec sa jambe pendant qu’il l’attachait.
- Attachez-les ! Avant qu’ils ne se relèvent !
Mais Cobalt lui répondit calmement, regardant l’épave du Seeker.
- Ils ne se relèveront pas.
- Comment ?
- Ils sont mort, c’est fini.
- Mais le reborn… insista Rell.
Ce fut Deren, approchant en tenant Pol qui était blessé, qui répondit.
- Il n’y a pas de reborn ici.
- Quoi ?
Rell relâcha le pillard et se redressa, abasourdit.
- Et vous nous dites ça après qu’on ai risqué notre peau ?
Cobalt croisa les bras et le regarda.
- Et qu’aurai tu fais si tu l’avais su, tu serais parti ?
- Peut être bien ouai ! J’en ai marre de vos secrets et vos mensonges ! Il avisa autour de lui, plus de la moitié des membres étaient blessés et pratiquement tout le monde au moins avec des estafilades et contusions sans gravité. Fronçant les sourcils il poursuivit. Ophélie ! Où est Ophélie ?
Il se dirigea vers l’endroit où elle se trouvait et la trouva étendue au sol. Se précipitant vers elle il vérifia qu’elle était encore en vie. Elle semblait juste assommée mais semblait aussi blessée à une jambe et à la taille. Il fit de son mieux pour la soulever malgré son poids et la ramena vers les autres. Il garda le silence, bouillonnant intérieurement et attendit qu’on ordonne de rentrer.
Plus le temps passait moins il avait envie de rester dans cette ville…